Correspondances Episode 1





Vendredi 7 juillet 1905, Le Lautharet, 3 h 10’

Quelle triste solitude, hélas ! Figurez-vous un « pédago » avec cinq mioches ! A 21 ans, à qui et à quoi peut-on bien songer ?

A dimanche, n’est-ce pas ? ? Plus tôt, s’il est possible !


Malgré ses petites feuilles, ces branches de houx vous souhaitent beaucoup de choses : espoir, foi, amour et chance. Hier, vous n’aviez pas votre bonne humeur. Pourquoi ? Amitiés, Léon


Vendredi soir

Léon, je réponds vite à votre carte, en espérant que le facteur vous apportera la mienne à temps. Comme vous êtes mélancolique ! Pour ma part, je suis tellement heureuse de vous avoir rencontré. Je dois me pincer le bras pour réaliser que c'est bien vrai. Oh, j'ai hâte de vous voir dimanche. Bises. Marie



Dimanche 9 juillet, 19 heures

Cher Léon, Je poste ma carte à Seyne, sur la route du V. pour que vous l'ayez rapidement. La tristesse m'envahit à présent en songeant à la belle journée que nous venons de passer ensemble ! Elle est derrière nous, dorénavant ! A quand la prochaine ? La voiture va repartir. Je vous laisse. Amitiés. Marie



Le 10 Juillet 1905



Mademoiselle,

Merci beaucoup de votre aimable carte. Mais quelle brièveté ! Je veux bien espérer que ce souvenir ne sera pas passager. Vous ne m’oublierez pas, Mademoiselle Marie ? Ce laps de temps sera vite passé et je pourrais dire : Liberté chérie…. Je partirai sauf inconvénient vendredi soir avec la voiture vers Digne. En passage au V., je ne me lasserai pas de voir votre cher pays et que de réflexions… ! Ne voulez-vous pas pendant les vacances que nous échangions des cartes ? J’ose espérer que oui. N’est-ce pas ma chère ?

Veuillez m’écrire avant mon départ. De retour, je vous donnerai ma nouvelle adresse. Au plus vite de vos nouvelles. Pensez à moi, Melle Marie ! Souvenir et baiser. Bonsoir. Léon


Mercredi 12 juillet

Cher Léon,

Bien sûr, je serai ravie d'échanger des cartes avec vous pendant les vacances. Tant que je suis chez mes parents, je préfère que vous les mettiez sous enveloppe. Je suis heureuse de revoir toute ma famille. L'éloignement a été long ! Maintenant, je vais souffrir de la distance avec vous. Donnez-moi vite votre adresse. Il me tarde de recevoir de vos nouvelles. Bon voyage. Amitiés. Marie



Mardi 18 juillet

Mon cher Léon,

J'ai beaucoup pensé à vous ces derniers jours. Je me demande comment vous passez vos vacances. Dites-moi, je vous prie. Au V., la famille est au complet. Mon frère aîné, Louis, aide mon père aux foins et avec les bêtes. Mélanie, Adèle et moi nous occupons du jardin potager et de la maison avec maman. Le petit Albert trotte derrière nous. Ce sont des vacances actives qui me plaisent, pour le moment. D'ici peu, mes livres, les discussions, la préparation de la classe ainsi que les contacts avec les élèves me manqueront. Déjà, nos rencontres me manquent. Je ne peux pas oublier, je n'oublierai jamais. Tout s'est passé si vite. En quelques semaines, nous nous sommes connus et aimés. Je n'ai nullement besoin de votre photo ; votre visage est inscrit dans ma mémoire dans tous ses détails. Je ferme les yeux et je vous vois. Je vous sens près de moi. Ecrivez-moi. Sous enveloppe. Si je ne peux pas aller au-devant du facteur, Mélanie y va à ma place. Je l'ai sommée d'être discrète ! Meilleur souvenir, Marie.



Dimanche 23 juillet

Mademoiselle,

Quel plaisir de vous lire ! Je suis si heureux. Je n'ai qu'une hâte, vous revoir. Que diriez-vous de nous voir dans le courant de l'été, à Digne ? Qu'en pensez-vous ? Ce n'est loin ni pour l'un ni pour l'autre. La vie à Puget-Théniers est douce et agréable. Comme vous le savez, mon père est très fatigué et c'est un souci pour nous. Nous lui tenons compagnie, chacun à notre tour. Il fait si chaud que nous restons dans la maison pendant la journée. L'activité va me manquer aussi. Je partirai bientôt revoir des collègues et amis de l'Ecole Normale, vers Aix. Mais j'aimerais, par-dessus tout, vous voir, chère Marie. Réfléchissez à ma proposition. Tenez-moi vite au courant. Je ne peux pas attendre. Vous êtes ma joie. Pensez à moi. Baisers. Léon

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire