Episode 13


Le 8 aout 1906
Bon souvenir. Louis G.
 














Août 1906
Meilleurs souvenirs Louis G.
Je vous écrirai plus longuement un de ces jours.












Le 25 août 1906
Cher Louis,
Vos petits mots me font plaisir. Ils me rappellent les moments heureux que nous avons vécus tous ensemble au début de l'été à Maljasset. Ce n'est pas si loin ! Savez-vous que mon père veut me fiancer à un homme de S. ? Je ne peux pas l'accepter. Cela rend la situation entre Léon et moi très compliquée. Nous en souffrons énormément. Patience. J'espère que vous avez toujours des amis à Maurin. Meilleurs souvenirs, Marie



Le 14 septembre 1906, Maurin
Mademoiselle Marie au V.
Ai reçu de vos nouvelles. Merci. Le temps passe. Encore 6 jours à passer ici. Le temps est beau mais froid. Nous avons vu la neige sur les hauts sommets. Rien de bien intéressant à vous rajouter. Bon souvenir. L.G.











Le 18 septembre 1906, Maurin
Mademoiselle Marie
Encore 1 jour d’exil. Départ demain ou jeudi au plus tard. Samedi soir au Tholonet par Aix. Bon souvenir de Maurin et de Maljasset.
Bonjour affectueux (le dernier d’ici) L.G.














Le 21 Septembre 1906, Barcelonnette 
Mademoiselle Marie,
Première étape. Ce soir Veynes. Demain 10 h Aix et le Tholonet. Attends de vous une longue lettre. Sincères amitiés. Bonjour affectueux. L.G.














Le 23 septembre 1906, Le Tholonet
Mademoiselle Marie au V.
Me voilà rendu au Tholonet. Le voyage s’est bien effectué. Je vous écrirai plus longuement dans le courant de la semaine.
Affectueux bonjour de la Provence. L.G.














Le 25 septembre, Le Vernet
Cher Louis,
J'espère que nos courriers ne vont pas se croiser. Voilà presque 15 jours que vous êtes sur la route. Quel déménagement ! C'est un long voyage avec tout votre matériel, les machines et quelques hommes, je suppose. Comme vous changez de carrières plusieurs fois par an, vous reviendrez à Maurin, après la fonte des neiges. N'est-ce pas ? Vous me ferez le plaisir d'une visite à Costebelle ? Ce sera mon prochain poste dans quelques jours. C'est aussi dans la Vallée de l'Ubaye mais plus bas, au confluent de la Durance et de l'Ubaye. C'est sur votre chemin !
Enfin, vous êtes en Provence, au pays de Cézanne. Le soleil ne se cache pas derrière les montagnes à 14 heures comme à Maurin. L'air y est doux et le soir vous pouvez vous promener sur la place du village. Je vous envie. A Costebelle, il fera moins froid qu'à Maljasset parce que c'est moins haut mais rien à voir avec Le Tholonet. Je vais m'installer pour l'année entière. Et peut-être plus longtemps, m'a dit l'Inspecteur. Veuillez m'excuser si je n'écris pas régulièrement. En ce moment, je prépare la rentrée des classes. J'ai beaucoup de travail. Affectueuses amitiés. M.



Le 29 septembre, Le Tholonet
Mademoiselle Marie Costebelle….
Depuis plus de 15 jours sans nouvelles. Le temps est assez long ainsi ? La semaine prochaine, visite de l’Exposition Coloniale de Marseille. Vous enverrai quelques vues. Je suis encore ici pour une quinzaine. Que faites-vous là-haut ? Etes-vous mieux qu’à Maurin ? Une réponse sous enveloppe serait la bienvenue. En doutez-vous ? Vous aviez mon adresse. L.G. au Tholonet près d'Aix en Provence
En attendant, mon meilleur souvenir. LG.







Le 7 octobre 1906, Costebelle
Mon cher Louis,
Comme la solitude vous pèse. Ca me fait de la peine. Je veillerai à vous écrire régulièrement. Notre rencontre à Maljasset a été un tel plaisir que je ne l'oublierai jamais. En vagabondant ainsi de carrière en carrière aux quatre coins de la France, il est difficile de se faire de vrais amis ! Je comprends. C'est provisoire, j'espère ? Un jour, vous vous installerez à Paris ou à Toulouse.
Vous évoquez dans chacune de vos lettres notre vie à Maljasset et notre amitié joyeuse et insouciante. J'ai aimé cette période, aussi. Nous formions un bon groupe. Les beaux soirs d'été, nous riions, nous discutions, nous passions plus de temps au bord du torrent emmitouflés dans nos couvertures que dans nos chambres. Le souvenir de l'été 1906 restera à jamais magnifique. Il nous fera longtemps chaud au coeur.
Je serais heureuse de recevoir des cartes de l'Exposition Coloniale. Je n'aurai pas l'occasion d'aller la visiter. Vous me raconterez ce que vous avez vu ?
Ici, je travaille et je vis dans une maison d'école nouvellement construite. Ma sœur Mélanie habite avec moi pour quelque temps. La salle de classe est au rez de chaussée et notre appartement, à l'étage. Rien à voir avec l'école de Maljasset qui occupait le rez-de-chaussée d'une maison privée. Les familles sont gentilles. Je connais la plupart d'entre elles, puisque j'avais été en poste dans la même école pour un remplacement avant mon année à Maljasset.
Je suis très accaparée par mon travail. Mais ce qui me préoccupe en continu ces derniers mois, c'est la décision de mon père. Je ne comprends pas toutes ses motivations. Comment un père peut-il forcer sa fille à se marier à un homme qu'elle connaît à peine et qui vit maintenant à des milliers de kilomètres d'elle ? Il existe des traditions encore bien ancrées dans nos vallées alpines. Je les respecte toutes, mais celle-ci est une entrave à MA liberté d'aimer l'homme de mon choix. Et ce dilemme me mine le moral.
Avez-vous déjà entendu des histoires comme celle-ci ?
Léon est complètement découragé. Il ne comprend pas que je ne refuse pas purement et simplement. Il me dit que, chez lui, les filles choisissent leurs maris. Moi, je choisis Léon. Et en choisissant Léon, je m'exclus de ma famille. Mon père me reniera. Comment faire ?
Je vous souhaite bonne chance pour vos chantiers. Ecrivez-moi. Je vous écrirai aussi. Avec mes affectueuses pensées. Marie


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