Le
12 mai 1906
Mademoiselle
Marie,
A
mon arrivée à Banon, Je croyais fermement trouver une réponse à
ma dernière lettre adressée de Puget-Théniers. Elle n’a pas pu
s’égarer et tout me laisse croire que vos idées ne sont plus vers
moi, car pourquoi feriez-vous « l’insensible » ?
Mes lettres ne sont peut-être plus que des correspondances
ordinaires où l’on y prête une très minimum attention. Dois-je
me tromper ? Je ne le pense pas car c’est assez clair. Si
c’est toujours la fameuse question rabâchée de vos parents, je
veux bien le croire mais je constate avec regret que depuis quelque
temps vous ne me témoignez pas beaucoup d’amitié et pourtant ce
n’est pas ce que vous m’avez dit et écrit.
Je vous serai bien aimable si vous vouliez me dire le vrai motif à agir ainsi envers mon égard. Je saurai juger et m’incliner si j’ai failli à nos amours.
Je vous serai bien aimable si vous vouliez me dire le vrai motif à agir ainsi envers mon égard. Je saurai juger et m’incliner si j’ai failli à nos amours.
Rappelez-vous
des journées 20 et 21 avril.
Ecrivez-moi
longuement et ne me cachez rien. Je suis depuis dimanche soir à
Banon. Je n’ai pas beaucoup d’élèves en ce moment, une épidémie
de rougeole sévissant ici. En attendant, je me permets de vous dire
toujours à vous. Léon
Le
27 mai 1906
Mon
cher Léon, je vous ai écrit longuement. Ne me faites pas de
reproches. Nos courriers se sont croisés. Voilà tout. Je vous le
dis à nouveau. Ne me jugez pas trop hâtivement. Vous m'écrivez que
je ne suis pas assez attentive à vos lettres, que mon esprit est
encombré par « la fameuse question » et que cela
m'empêche de bien vous considérer. Vous êtes particulièrement en
colère. Vous dites vrai : je suis très préoccupée. Mais vous
ne dites pas vrai sur mon amitié. Tous les jours, je pense à vous
et je relis vos lettres régulièrement. Tous les jours, je me
rassure : « Heureusement que Léon est à mes côtés ! »
Comment douter de la reconnaissance que j'ai pour vous ?
Comment
ne pas en douter lorsque l'avenir qui se présente à moi n'est pas
porteur des meilleures augures pour notre relation ? Comment jongler
avec ces contradictions ? Croyez-moi. Vous n'avez rien à vous
reprocher. Un tempérament impatient, peut-être ? Pour ma part,
je fais montre de distance et je vous parais « insensible ».
Veuillez m'en excuser. Il est vrai que lorsque mon esprit est confus,
je préfère rester au-dedans de moi - je vous l'ai déjà dit -, le
temps que mon esprit s'apaise, que mon jugement devienne plus mesuré,
que mes humeurs s'égalisent d'elles-mêmes. C'est une attitude qui
ne vous est pas réservée. Elle est la même envers vous, envers ma
famille, envers tous.
Vous
êtes mon avenir. Nous vivrons ensemble. Comptez sur moi comme je
compte sur vous. Bien affectueusement, Marie
Reçu
lettre fermée. Accepté. Réponse : merci. Délicieux mais…
Léon
3 juin 1906
Pensez donc à moi, chère oublieuse ! Nous venons de décider - plusieurs familles – de nous rendre le lendemain de la Pentecôte à la Fontaine de Vaucluse. Mais combien je serais heureux si votre personne partageait notre partie de plaisir. Espoir, Léon
Lundi 4 juin
Amitiés, A
bientôt
Léon
Myosotis, Amitiés
Charmant
pays….
Léon
Amitiés, Leon
Pensez
à moi, chère oublieuse
Amitiés,
Leon
Ecris
plus longuement. Léon
Théâtre
ce soir. Vais à une représentation du Misanthrope.
Suis-je
la cause de cet ennui ? Amitiés Léon
Le 24 juin 1906
Mon
cher Léon,
Suis
heureuse de t'annoncer que l'Inspecteur Primaire me propose le poste
de Costebelle. Qu'en penses-tu ? Il fait beau, les oiseaux chantent,
les enfants travaillent bien. Je rêve que nous nous verrons bientôt.
Merci pour toutes tes cartes. Je t'écris plus longuement très vite.
A toi, mon ch. Marie
Je
reçois à l’instant ta carte et m’empresse d’y répondre. Je
te conseille d’accepter Costebelle.
Mme Barles doit être placée au Lautharet car on a pétitionné pour
le départ de Mme Vieille d’après ce que vient de m’annoncer un
ami du Lautharet. Elle a cherché tous les moyens pour me faire
discréditer. Enfin, accepte et nous verrons les suites. Ecris-moi
plus longuement et sous peu. Toujours à toi, Leon
Accepte
au plus vite. Baisers
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