Le
26 juillet 1905
Léon,
Comment
se fait-il que la vie me semble si compliquée, parfois ? Est-ce
dû à une fatigue passagère ou bien à une incompréhension, à une
remarque, ou à une vexation, à un mauvais sommeil, ou à la forte
chaleur difficile à supporter ? Il est des moments où j'ai
envie de ne voir personne et où j'ai besoin de silence. Vous écrire
me soulage, parce que je sais que vous me comprenez. Ne soyez pas
inquiet. C'est un état qui passe très vite. Je me sens démunie
ponctuellement et ça m'attriste. Dans deux jours, je serai gaie,
active et remplie d'optimisme. Le nuage qui a traversé mon esprit
sera dissipé et oublié. A part cela, mes sœurs et moi formons une
bonne petite troupe solidaire et nous ne manquons aucune occasion de
nous amuser et de rire. Dites-moi comment s'est passé votre séjour
à Aix. Proposez-moi une date d'ici le 15 août pour notre
rendez-vous à Digne. Je suis impatiente de vous revoir. Amitiés.
Marie
Le
30 juillet,
Ma
chère Mademoiselle Marie,
Je
suis si heureux de trouver votre lettre à mon retour d'Aix. Mon
séjour s'est bien passé. Je vous raconterai prochainement puisque
nous allons bientôt nous voir. Je vous propose le vendredi 4 et le
samedi 5 août. Vous m'aviez dit que le voyage en diligence entre le
V. et Digne durait entre deux et trois heures. Avez-vous la
possibilité de dormir à Digne ? Je vous rejoindrai là où
vous voudrez et à l'heure qui vous convient. Vite, une réponse !
Affections. A très bientôt. Léon
Le
2 août 1905
Léon,
J'arriverai
à Digne le vendredi 4, accompagnée de ma sœur Mélanie. Nous
dormirons chez notre tante le vendredi soir et nous repartirons le
samedi. Nous pourrons donc nous voir le vendredi après midi et le
samedi. N'est-ce pas merveilleux ? Ma tante habite tout près de
la gare. Viendriez-vous nous chercher vers 14 heures ? Mélanie
et moi aimerions nous promener sur le boulevard Gassendi. Maman
aimerait que nous allions faire une prière à la Cathédrale. Qu'en
pensez-vous ? Bises. Marie
Le
10 août
Ma
chère Marie,
Quels bons moments nous avons passés ensemble à
Digne. J'y ai retrouvé la fraîcheur, l'intelligence, le dynamisme et
la beauté de ma bien-aimée. Exactement comme à C. Quel plaisir
d'aller au bal, avec votre famille. J'étais tellement heureux de
danser avec vous. Puis-je me permettre de vous dire que je vous ai
trouvée, parfois, un peu préoccupée ? J'espère que ce n'est
pas grave, ni pour vous ni pour votre famille. L'éloignement n'est
pas bon pour l'amour. J'ai envie de vous revoir. J'ai envie de vous
serrer dans mes bras. Marie, faisons le projet de nous rencontrer
une nouvelle fois dans l'été. Ecrivez- moi vite.
Mes
plus affectueuses pensées sont pour vous. Léon
PS :
Votre sœur est charmante. Passez-lui le bonjour de ma part.
Le
18 août
Cher
Léon,
Je
ne peux pas vous écrire longuement aujourd'hui. Je vous remercie
pour votre affection. Il y a deux jours, je suis allée à la foire
de Seyne avec mes parents. Profitez bien de vos vacances. Je vous
écrirai plus longuement bientôt. Amitiés. Marie
Samedi
26 août 1905
Mademoiselle
Marie,
Que
se passe-t-il ? D'où vient cette froideur, cette distance,
cette négligence ? Je suis étonné. Nous avons tant de choses
à partager. Je ne veux ni m'inquiéter ni ajouter mes interrogations
à vos soucis. Car, vous devez en avoir. Comptez sur moi. La
franchise est le meilleur remède. Vous avez toute mon amitié.
Ecrivez-moi. Léon
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