Episode 11

5 août 1906
Bonne et heureuse fête. Sincères amitiés. Amable















11 septembre 1906 
Mademoiselle, je vous envoie là un échantillon des beautés mexicaines. 
Que vous paraissent elles ? Amitiés sincères. Amable


Le 27 septembre 1906
Amable,
Quelle belle photo ! Je vois des femmes, alignées devant un haut toit de chaume, travaillant sous le regard d'un homme. Leurs visages tannés brillent de sueur. Je pourrais penser, à leur posture, qu'elles lavent du linge sur une planche, mais il n'y a pas de bassin, ni de fontaine à côté d'elles. N'utilisent-elles pas plutôt cette planche pour râper le manioc ? Quel travail ! Je suppose qu'en plus, elles surveillent les enfants qu'on voit à leurs côtés. Des beautés courageuses comme dans notre vallée.
Amable, vous aimez ce pays, sans aucun doute. Cela fait un an que vous avez quitté la France. Vous ne savez toujours pas quand vous rentrez ? Allez-vous rentrer ?
Je vous laisse. J'ai beaucoup de travail avec la rentrée des classes. Merci pour la carte. Répondez-moi. Marie

Le 15 septembre 1906
Mon cher Léon,
Une carte de Digne pour te dire que je pense à toi tous les jours. Je m'apprête à partir à Costebelle, là où nous nous sommes vus pour la première fois. J'espère que nous nous rencontrerons plus facilement que l'année passée. Vilain Léon, ne crois pas tout ce qu'on raconte. Je désire te voir. Je désire t'embrasser. Marie

Septembre 1906
Mademoiselle,
Je réponds enfin à votre aimable carte. Je me suis donc trompé au sujet de votre prochaine union ? J’ose l’espérer puisque vous me démentez les racontars. Vous allez rejoindre dans quelques jours votre poste... Que ces dix mois de séparation vont être longs, n’est-ce pas ? Mais vivons réciproquement de souvenirs. Tâchez, si il y a possibilité de quitter ces belles montagnes pour vous rapprocher de la côte d’Azur où je suis actuellement en villégiature.
D’après la nouvelle langue des timbres, 
« Réponds à mon amour. »
La Rochette !! Pays natal de votre Léon. Voyez cette maison à droite qui m’a vu naître. Le point, la chambre natale. La croix, l’école où j’ai fait la classe un an et papa 25 ans. Quand nous reverrons-nous ? Le 9 octobre, je dois partir pour mon service militaire. Savoir où ?? Pauvre pioupiou (Au plus bas). Toujours même adresse à Sigale par Roquesteron.
Toutes mes amitiés, Léon

Août 1906
Pour celle que mon cœur adore et chérit.
Mon portrait, humble fleur de tendresse
Oh mon adorée, très moindre est sa valeur.
Vous l’envoyer je n’ose, mais m’empresse
D’implorer votre noble petit cœur.
Tout mon être serait ravi de vous entendre dire
Ce qui m’emplit me ravit, me transporte au délire.
« Non, je ne serais plus si farouche
Puisque seul, je puis faire votre bonheur.
O vous tourlourou de mon cœur,
Un tendre baiser de ma bouche. »
Albert 6e ch 610 Poste Restante etc ?

En civil (tenue bourgeoise), deux belles photos de votre choix
Attendant votre prochaine avec impatience la vôtre.

Le 20 août 1906 
Melle l’Institutrice de Maljasset en Congé au V.

Bien chère amie,
Je vous en supplie. Faites-vous connaître. Une meilleure adresse et votre réel nom, j’en ferai autant de suite. Je vous envoie ces photos, prises pour mon colonel et mes supérieurs donc très sérieuses. Bientôt j’en enverrai d’autres. J’attends aussi impatiemment la vôtre. Je l’envie et vous aime. Albert 6e ch, 610 Grenoble
Cette collection n’existe qu’en deux cartes, après toutes mes recherches. Mil regrets.




Le 25 août 1906
Monsieur Albert,
Je vous remercie pour vos jolies cartes et pour vos photos. Comme je ne vous connais pas, je ne vous donnerai ni mon nom ni ma photo. Je me demande comment vous me connaissez, qui vous a donné mon adresse et qui vous a informé de la collection de cartes postales que je constitue avec passion depuis plusieurs années. Je serais ravie de recevoir des séries en couleurs. Comme vous êtes au service militaire et que vous écrivez fort bien, je vous répondrai. Bien à vous, Marie

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